Société

Enquête : Comment des saboteurs russes ont envoyé des colis explosifs jusqu’en Europe de l’Ouest via la Lettonie

Résumé écrit le

« Ils se sont arrêtés sur le bord de la route, où un homme et une jeune femme les attendaient. Elle a pris une photo de leur voiture (probablement pour faire rapport à leurs supérieurs). Les enquêteurs pensent que le colis a été récupéré sur le bord de la route par le même Ukrainien recruté via Telegram. Il l’a emporté dans sa Lexus jusqu’à Kaunas et l’a laissé, avec la voiture, dans un garage. »

Cet extrait de l’enquête publiée par le média letton Re:Baltica est un parfait exemple de la tonalité de son récit : une histoire aux allures de film d’espionnage, bien que beaucoup plus réaliste et inquiétante. Sur la base de documents de l’OTAN et en collaboration avec quatre autres médias (russe, lituanien, estonien et polonais), cet article revient sur l’affaire des colis piégés de l’été 2024.

À quelques jours d’intervalle, trois colis prennent feu spontanément à Leipzig (Allemagne), Varsovie (Pologne) puis Birmingham (Royaume-Uni). Un quatrième sera également intercepté par la police polonaise. « Les masseurs de cou électroniques retrouvés dans les cargaisons se sont avérés être dotés d’un mécanisme d’auto-allumage intégré », résume Re:Baltica.

Vétérans de sous-marins, faux passeports et « aquarium » russe

Les suspicions se sont vite portées sur la Russie, mais les preuves sont enfin là. Après un long travail d’enquête, le média letton et ses partenaires révèlent « non seulement l’itinéraire des colis, mais identifie également la personne qui a coordonné cette opération et d’autres actions de sabotage en Europe, ainsi que des détournements similaires prévus aux États-Unis et au Canada. »

Un récit méthodique, jour par jour, d’échanges de colis en Lettonie et Lituanie entre anciens camarades de sous-marins soviétiques, avant qu’ils soient récupérés par plusieurs Ukrainiens, dont un homme surnommé « Donut ». Si on se perd parfois dans les noms de famille des nombreux protagonistes, une carte et de nombreuses photos permettent de concrétiser cette histoire incroyable.

Jusqu’à révéler les instigateurs de ce projet, donnant leurs ordres depuis « une serre située à la périphérie de Moscou, surnommée ’’l’aquarium’’. » C’est une enquête rocambolesque, remplie de petits détails surprenants, et qui illustre les méthodes et limites du renseignement militaire russe.

Un résumé de Théo Sire
Journaliste à Basta!