Tunis, dans la nuit du 2 au 3 mai 2024. Alors qu’il a fui la guerre dans son Soudan natal, Abdallah dort dans un campement informel de migrants face au siège de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés, qui lui a octroyé quelques mois plus tôt une carte de demandeur d’asile. Le sésame est censé garantir sa sécurité en Tunisie. Soudain, les forces de sécurité tunisiennes arrivent, puis, sans explications, le fouillent, l’insultent, le frappent et l’embarquent de force en bus jusqu’à la frontière ouest avec l’Algérie.
Comme lui, environ 500 hommes, femmes et enfants se retrouvent abandonnés dans un désert, sans lumière, sans nourriture ni eau. Personne ne les empêche de retourner à Tunis à pied, alors Abdallah et d’autres migrants tentent leur chance, avant d’être arrêtés pour « entrée illégale dans le pays », condamnés à trois mois de prison lors d’un procès express, puis finalement libérés et à nouveau débarqués le long de cette même frontière. Cette fois, il pleut. Le Soudanais aura beau se cacher de la police algérienne, il sera encore une fois emmené de force hors de ce nouveau pays, à la frontière avec le Niger.
40 kilomètres à pied à travers le Sahara
Cette histoire constitue le fil rouge de l’article d’IrpiMedia. Elle illustre une enquête menée par le média sur un phénomène plus large : la « chaîne d’expulsions répétées d’un pays à l’autre ». Grâce aux messages, images, vidéos et positions GPS envoyés par Abdallah avec son smartphone, ce long récit dévoile un système « qui, selon les données et analyses les plus récentes, s’avère être une pratique courante ». Le vécu d’Abdallah visibilise également la peine endurée par ces exilés jusqu’au « point zéro » d’Agadez, au Niger, « un important carrefour du trafic d’êtres humains et de marchandises. »
↔️ Nous vous conseillons de lire cette enquête en grand écran afin d’afficher la carte animée du trajet d’Abdallah avec photos et vidéos de son smartphone.
▶️ Pour les italophones, cette vidéo de Liminal, laboratoire de recherche sur la violence frontalière installé à l’université de Bologne, raconte le périple d’Abdallah en images.